Retour à la liste

Semaine des régions, Table ronde, Les défis de main-d’œuvre : quelles solutions pour les régions ?

15 . 02 . 2018

semregion2018-300x150-9944951

 


La Maison des régions, Montréal – lundi 05 février 2018


Présenté par la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et l’Union des producteurs agricoles (UPA)
Organisé par Place aux Jeunes en région
Partenaire : Gouvernement du Québec, Futurpreneur, Canada et CEDEC
Animé par René Vézina, pigiste au Journal Les Affaires et à Radio-Canada.

Thème :
Les défis de main-d’œuvre : quelles solutions pour les régions?
Depuis 2014, la population en âge de travailler, soit les personnes de 15 à 64 ans, a commencé à décroître. Cette tendance à la baisse devrait se poursuivre jusqu’à la fin des années 2020, un phénomène qui a une incidence directe sur la disponibilité de la main-d’œuvre. Dans ce nouveau contexte, comment villes et régions peuvent-elles collaborer pour rendre le Québec plus fort ?
Le panel proposera le regard croisé d’entrepreneurs, d’acteurs du monde municipal et du monde du développement pour renforcer le dialogue sur les enjeux liés au marché du travail.

Panélistes :
  • M. Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins ;
  • M. Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine ;
  • Mme Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI ;
  • M. Claude Provost, vice-président senior, services partagés et développement organisationnel du Groupe Canam ;
  • M. Marco Alberio, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en innovation sociale et développement des territoires (ISDéT) et professeur au Département sociétés, territoires et développement de l’UQAR.

La table ronde a débuté par un discours d’introduction de madame la Mairesse Valérie Plante sur la problématique de la mobilité de la Main d’oeuvre.

S’en est suivi un mot d’introduction de monsieur Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, établissant ce constat : de nombreuses entreprises en région ont du mal à trouver de la main-d’oeuvre qualifié pour croître. Il a également rappelé un événement important au Complexe Desjardins dans le cadre de la Semaine des régions : SALON DE L’EMPLOI EN RÉGION 2018, (NDLR : c’était le 8 février 2018 de 12 h à 20 h, à la Grande-Place du complexe Desjardins avec plus de 50 employeurs présents afin de combler près de 1000 postes dans des domaines variés et c’est une mine d’informations sur la vie et l’emploi en région).

Luc Dastous, vice-président de Place aux jeunes en région, a rappelé que le Québec connait son taux de chômage le plus bas depuis longtemps (5,4 %) et signalé le souci majeur du taux de remplacement pour 2021, qui n’est globalement que de 80% seulement pour la province et chute de façon drastique lorsqu’on le regarde par région (autour des 40%, par exemple : ce qui implique que pour 100 départs à la retraite, seulement 40 postes seront pourvus par une relève).

Comment est perçu ce défi de la main d’oeuvre en région ?

En dehors de Montréal, qui n’est pas touché par cette problématique, on constate un énorme vieillissement de la main-d’oeuvre (principalement causé par des départs à la retraite). S’ensuit une difficulté importante à recruter une nouvelle main-d’oeuvre. On constate que, par rapport à il y a plusieurs années,On trouve aujourd’hui beaucoup d’emplois disponibles. Il y aurait autour de 85/90 000 postes à pourvoir au Québec en ce moment même, dont de nombreux en PME.
De très gros efforts sont à faire sur le recrutement et la formation en termes de coûts et gestion des temps supplémentaires induits par cette situation. En regardant plus dans le détail, les problématiques seraient assez différentes d’une région à l’autre. Il y a aussi le soucis d’emplois parfois « fluctuants » : il faudrait se pencher sur la pérennité et, non négligeable, la qualité des emplois proposés et tenir compte des réalités d’ordre personnel de cette main-d’oeuvre : enfants, écoles, hôpitaux, travail du/de la conjoint(e), etc.

Quelles seraient les avenues de solutions ?

Pour la plupart des intervenants, une des solutions passerait par l’immigration.
Les panélistes présents estiment également qu’il faudrait travailler sur le décrochage scolaire et tenter d’intéresser les jeunes.
Retarder légèrement l’âge de départ à la retraite pourrait aussi être une option à court terme.

Il faut rapprocher les acteurs que sont les établissements de formation (cégep, etc.), les institutions locales et les entreprises afin de mettre en place des micro-formations en partenariat avec des entreprises cibles. Dans ce cadre, une des idées pourrait être de mettre en place des formations décentralisées qui attireraient les jeunes en région.

Il faudrait penser aussi en terme communautaire et social et mettre tous les acteurs (entreprises, gouvernement, municipalités, etc.) autours d’une table. Il introduit également la problématique, en région, de la connectivité (wifi, Internet) et la nécessité d’améliorer l’accès à ces ressources afin d’encourager la mobilité de la main d’oeuvre. À ces fins, les principaux alliés seraient les municipalités considérant l’importe du milieu de vie. Dans ce sens, il il faudrait voir aussi à encourager les entreprises à investir une partie de leurs profits afin de créer un milieu de vie qui attire (terrains de sport, de jeux, garderies…) et ainsi motiver la venue de main-d’oeuvre.

Il y aurait aussi l’option de développer une offre d’emplois spécialisés dans le domaine du développement afin d’encourager l’innovation et d’intéresser les jeunes à des métiers prometteurs.

Enfin, certaines alternatives ayant fait leurs preuves ont été suggérées tels que le télétravail et les méthodes de travail collaboratif (coworking : type d’organisation du travail qui regroupe deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture).

Tour de parole final

Un intervenant de l’assistance a exprimé les efforts qu’il y aurait aussi à faire en termes de politique d’avancement de carrière en région. À cela, lui fut répondu que l’on comprenait sa préoccupation, mais fut aussi souligné le danger (constaté) de dévitaliser le milieu économique en prenant des employés parmi les plus petites entreprises qui proposent moins de possibilités d’évolution ou l’impossibilité de concurrencer les avantages sociaux ou autres des plus gros employeurs.

Fut évoqué ensuite, la problématique des nombreux préjugés dont sont victimes plusieurs professions (notamment manufacturières, etc.).

Par la suite, un autre intervenant a exprimé le souci de l’intégration accrue de l’éventuelle main-d’oeuvre issue de l’immigration. Ce constat a amené des panélistes à rappeler que des solutions existent et que c’était peut-être aussi une idée préconçue. L’un d’eux reviendra pour ce faire sur la volonté de ces populations migrantes à s’intégrer. Un autre rappelle que l’immigration peut aussi être inter-provinciale et que le Québec est une des provinces les plus dynamiques et viables économiquement à l’heure actuelle par rapport à d’autres.

Le tour de parole se clôt par le rappel qu’il y a, là dehors, beaucoup d’entreprises prospères (dont beaucoup de petites) qui sont à vendre à cause de départs à la retraite.

Un point pour avancer

Pour M. Marco Alberio, la solution passe par tenir compte de l’importance du milieu de vie et la mise en avant de l’épanouissement personnel.
Pour M. Claude Provost, le vrai défi est « pédagogique ». C’est-à-dire de faire évoluer les mentalités et l’image des régions en jouant sur les compétences d’accueil collectives des acteurs.
Pour Mme Martine Hébert, on en est rendu à un point qui oblige à penser de manière holistique et à se diriger vers des solutions systémiques.
Pour M. Jonathan Lapierre, il est important de s’asseoir ensemble avec tous les partenaires et de se parler et d’échanger afin de trouver des stratégies communes.
Pour M. Guy Cormier, il faudrait commencer par s’attaquer aux problèmes démographiques, certes, mais aussi travailler activement sur le décrochage scolaire en tentant de motiver les jeunes vers les formations/emplois en demande.

 


Dimitri Lesage, chargé de projet délégué à la veille sectorielle

Vous pouvez, à tout moment, déposer un commentaire ou proposer un sujet d’article
via le courriel [email protected].

Ci-dessous, la table ronde au complet :

https://www.facebook.com/maisondesregions/videos/1889639698015996/