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Bilan sur le secteur des communications graphiques (2018)

09 . 01 . 2019

Bilan sur le secteur
des communications graphiques (2018)

 

financial-graph-finance-stats-data-chart-21. Le secteur des communications graphiques du Québec

L’industrie des communications graphiques est constituée des activités suivantes : Emballage, étiquettes et flexo, Enseigne et grand-format, Imprimeur offset, Imprimeur numérique, Soutien à l’impression, Édition de journaux et périodiques, Services de design graphique, Services aux entreprises, Enseigne, Publicité par affichage, Papeterie et Produits d’hygiène en papier.

Selon les données les plus récentes, le secteur des communications graphiques compte autour de 2400 entreprises et plus de 51 900 employés. Une majorité des emplois du secteur (62 %) se retrouvent à Montréal et en Montérégie. En tout, on peut observer 4 régions importantes dans le secteur des communications graphiques : Montréal, Montérégie, Centre-du-Québec, et Chaudière-Appalaches.

Il y a quelques années, on a observé des difficultés dans certains secteurs (l’impression et activités connexes de soutien et l’édition). Alors que, dans le même temps, ceux de l’emballage, étiquettes et flexo et des services de soutien aux entreprises ont, eux, évolué positivement dans la même période. Actuellement seul le secteur de l’édition se cherche encore. Ces dernières années, on observe que l’emballage et la publicité par affichage ont un PIB en plein essor. On remarque aussi, depuis 5 ans, une hausse importante des salaires (de 22 %) au sein de l’emballage. Globalement, le secteur des communications graphiques a une balance commerciale à la hausse. Et, il y a des investissements soutenus en recherche qui démontre une volonté de l’industrie à innover et à se renouveler. Plus de quatre entreprises sur dix (44 %) en moyenne prévoient une hausse de leur chiffre d’affaires. Pour certains sous-secteurs, il s’agit de plus de 70 % des entreprises qui est optimistes (les autres pronostiquent une stabilité de leur chiffre d’affaires).

Le secteur a gagné plus de 4000 travailleurs, soit une hausse globale de 9 %. Les centres de services aux entreprises sont les grands gagnants au cours de la période, avec 900 nouveaux travailleurs (+56 %). Les données semblent indiquer que le secteur vit une période de consolidation d’entreprises, c’est-à-dire que le bassin de main-d’œuvre tend à se stabiliser malgré un nombre moins élevé d’entreprises. En effet, certaines entreprises ont procédé récemment à des fusions ou des acquisitions afin de créer de plus gros joueurs (ex. : Groupe PDI). La majorité des gains prévus sont dans les sous-secteurs de l’emballage et de l’imprimerie, soit les deux sous-secteurs qui emploient la majorité des travailleurs du secteur. En fait, tous les sous-secteurs devraient connaître une hausse, à l’exception de celui des éditeurs.

Les presses numériques sont largement utilisées. Près de la moitié des entreprises (47 %) utilisent des presses numériques, un équipement qui deviendra de plus en plus incontournable au sein de l’industrie. Par ailleurs, la lithographie compte parmi les procédés utilisés par un bassin important d’entreprises (plus du tiers : 37 %).

 

2. Principales problématiques concernant la main-d’œuvre

Les métiers techniques liés à l’impression et à la finition sont particulièrement touchés par le vieillissement de la main-d’œuvre. Mise en relation avec le manque de diplômés, cette donnée fait ressurgir le problème de la relève. À l’inverse, les métiers de graphiste et de designers graphiques jouissent d’une main-d’œuvre plus jeune et d’un apport suffisant en travailleurs qualifiés. Pourtant, le secteur compte un plus haut ratio de travailleurs à temps plein que la moyenne québécoise. Ce secteur propose donc une bonne stabilité d’emploi.

Au total, on estime à minimum 6000 le nombre d’embauches prévues à l’échelle du secteur au cours des trois prochaines années. Les principaux postes en souffrance (manque de personnels) sont : technicien en impression numérique, Opérateur de presses, Opérateur de finition, chargé de projet, représentant et estimateur. Notons que les opérateurs de presses à imprimer (21 %) et les opérateurs de machines à relier et de finition (10 %) représentent à eux seuls près du tiers (31 %) des personnes en emploi dans le secteur.

Pus de la moitié des entreprises qui prévoient de l’embauche au cours des trois prochaines années s’attendent à connaître des difficultés pour l’embauche. Pour la plupart des postes, les difficultés s’expliquent par l’absence de main-d’œuvre qualifiée. En effet, le nombre de finissants dans les différents programmes liés au secteur est souvent largement insuffisant pour combler la demande. Exception faite des postes de graphistes et d’infographistes, alors que la grande majorité d’entre eux prévoient des difficultés pour les postes d’opérateur de presse ou de finition. Le manque de candidats qualifiés est certainement la principale raison qui explique les difficultés. En effet, alors que les établissements d’enseignement du Québec forment à peine quelques dizaines de pressiers par année, les besoins des entreprises se chiffrent en centaines.

 

3. Les tendances au sein du secteur

– Nombre d’emplois

Impression et activités connexes (3231) et Fabrication de produits en papier transformé (3222) : emplois stables voir légèrement en hausses depuis 2015.

Éditeurs (5111, sauf 51113) : La tendance est plutôt à la baisse (divisé par 2 depuis 2011).

Services de design graphique (54143) sont relativement stable depuis une bonne quinzaine d’années.

Centre de service aux entreprises (56143) montre une hausse du nombre de ces emplois depuis 2005 (env. +50 %).

– Nombre d’entreprises

Depuis 10 ans, le nombre d’entreprises de la plupart des sous-secteurs a diminué d’environ 15 à 25 % principalement dû à des fusions.

Dans le même temps, Fabrication de produits en papier transformé (3222) s’est vu progressé d’au moins un quart.

Centre de service aux entreprises (56143) est celui qui a subi le plus de baisse ainsi que les éditions de journaux (51111).

– Salaires et rémunérations

Globalement, les salaires suivent plus ou moins la progression du coût de la vie. Cependant, depuis 2012, ils ont tendance à s’infléchir voir à stagner. 2 sous-secteurs voient même les rémunérations légèrement baisser : Centre de service aux entreprises (56143) et Fabrication de produits en papier transformé (3222).

Par CNP, la meilleure progression salariale est celle du 7381 – Opérateurs/opératrices de presses à imprimer (+30 % en 5 ans) et le seul CNP qui est un peu baisse depuis 2 ans est le 9471 Opérateurs/opératrices d’équipement d’impression sans plaque (-10 %).

– Bénéfices, revenus et PIB

À l’échelle canadienne, à part une chute entre 2008 et 2010, la marge bénéficiaire d’Impression et activités connexes (3231) a augmenté de près de 40 %en une quinzaine d’années. La marge de Fabrication de produits en papier transformé (3222) est celle qui a subi la plus grosse progression. Suite à une période difficile (autour de 2002-2010), elle revient en force et a même quintuplé en moins de 5 ans. À l’opposé, celle d’Éditeurs (5111, sauf 51113) a baissé d’au moins 40 %.

Le PIB québécois des différents sous-secteurs est relativement stable depuis 2012. À noter, toutefois, une baisse de celui de l’Édition (5111) et une hausse du Soutien aux entreprises (5614).

– Recherche et développement

À l’échelle canadienne, globalement le budget en recherche et développement est plus important que la moyenne canadienne. À titre d’exemple, ces 3 dernières années, le budget d’Impression et activités connexes (3231) était environ un tiers de plus que la moyenne canadienne du secteur manufacturier au complet.

Selon le dernier diagnostic, alors que le secteur de la fabrication en général a connu un recul de ses investissements dans la recherche et développement entre 2012 et 2015, la fabrication du papier s’est maintenue à cet égard, avec tout de même une légère hausse de 1 %. Par ailleurs, l’impression et activités connexes de soutien ont augmenté leurs investissements de 9 %. Ceci démontre une volonté de l’industrie à innover et à se renouveler.

– Importations et exportations

Les exportations de papier journal vers les É-U ont subi une énorme chute entre 2006 et 2012 (-60 %), mais ont depuis repris une légère progression depuis 2012 (environ 5 %). Le même phénomène, mais dans une moindre mesure a touché les exportations vers les É-U pour les livres, journaux et imprimés surtout pour la partie « journaux » ; l’édition de journaux ayant subi la crise que chacun sait à cette époque. Les papiers et cartons vers les É-U ont subi une baisse légère, mais régulière depuis une quinzaine d’années (-1/6).

Les importations en provenance des É-U sont, elles, plutôt stables depuis une dizaine d’années et ne montrent aucune variation majeure.

– Matières premières

De façon générale et à l’échelle nord-américaine, la consommation en papiers et cartons a significativement baissé entre 2006 et 2012 (+25 %), mais les choses tendent à changer et la consommation de ces matières est stable depuis.

Le prix de références pour les pâtes et papiers est en hausse permanente depuis au moins 2002. La pâte commerciale a presque triplé depuis et le papier journal a augmenté d’au moins un quart sur la même période.

 

4. Défis et enjeux liés aux priorités du comité

Quatre grandes priorités ont été retenues pour établir la planification stratégique 2018-2021, sur la base du nombre total de points obtenus par les différents défis liés à chacune des priorités. Ces priorités cadrent par ailleurs parfaitement avec le mandat du CSMOCGQ.

Ces quatre grandes priorités sont jugées les plus importantes par les participants rencontrés, et ce peu importe le type d’intervenant, le sous-secteur dans lequel il œuvre ou la taille de l’entreprise. En bref, elles suscitent l’adhésion généralisée des participants à la planification stratégique 2018-2021.

Les pistes d’actions suggérées pour répondre aux quatre grandes priorités stratégiques qui se dégagent de l’exercice de planification stratégique.

PRIORITÉ 1 : RECRUTEMENT DE LA MAIN-D’ŒUVRE

Cette première priorité fait référence aux défis liés à la difficulté pour les entreprises de recruter une main-d’œuvre formée, pour tout type d’emploi, mais plus particulièrement pour des postes de production (spécialisée ou non). De plus, de nombreuses entreprises peinent à attirer les jeunes et à assurer la relève, notamment pour combler les départs à la retraite ou les remplacements de congés.

PRIORITÉ 2 : PROMOTION DU SECTEUR

Cette deuxième priorité fait référence aux défis de l’industrie des communications graphiques d’attirer une main-d’œuvre, notamment en raison d’une image perçue comme étant plus ou moins positive. En effet, comme le démontrent les résultats du diagnostic sectoriel, l’industrie des communications graphiques est mal perçue de la population.  Par ailleurs, les opportunités de carrière ainsi que les perspectives d’emploi dans le domaine ne sont pas présentées adéquatement aux chercheurs d’emploi et aux jeunes, contribuant négativement à l’image de l’industrie.

Soulignons par ailleurs que les défis liés à cette priorité sont étroitement liés à ceux regroupés dans la première priorité « Recrutement de la main-d’œuvre ». En effet, une plus grande valorisation de l’industrie, de ses innovations et de ses opportunités de carrière permettra d’intéresser à la fois les jeunes et les chercheurs d’emploi au domaine des communications graphiques, faisant ainsi augmenter le bassin de main-d’œuvre disponible, ce qui devrait faciliter par le fait même le recrutement.

PRIORITÉ 3 : GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Les défis en matière de « Gestion des ressources humaines » concernent principalement la rétention des employés et les conditions de travail dans les entreprises.

PRIORITÉ 4 : FORMATION

Cette quatrième priorité concerne les défis liés à la difficulté des entreprises de former un nouvel employé ou celui occupant déjà un poste dans l’entreprise pour assurer le remplacement d’un employé expérimenté qui quitterait l’entreprise ou qui s’absenterait pour un congé.

La difficulté des entreprises vient principalement du fait qu’elles ont peu de temps ou de ressources à l’interne disponibles pour former les employés tout en assurant la continuité de leurs activités de production.  Rappelons qu’environ le tiers seulement des entreprises de l’industrie des communications graphiques est doté d’un service ou d’une direction des ressources humaines.

Cette réalité fait donc en sorte que les défis en matière de gestion des ressources humaines, notamment la formation, peuvent être plus difficiles à relever.

 


Dimitri Lesage, chargé de projet délégué à la veille sectorielle

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